samedi 15 février 2014

La théorie des genres de l’autre côté de l’Atlantique

Depuis mon arrivée au Brésil il y a presque un an, et jusqu’à aujourd’hui, je dois révéler que le sujet des relations hommes-femmes m’a donné du fil à retordre. C’est même le thème le plus compliqué pour moi à gérer. Dans une société brésilienne où les rôles de chacun sont bien définis, je me retrouve bien perdue, moi qui viens d’une société où les rôles de genre sont en général bien plus homogènes. Même si en France, nous sommes loin de la perfection : nous ne sommes pas modèle d’égalité entre les deux sexes, comparé aux pays du Nord de l’Europe ou à l’Amérique du Nord par exemple. Je préviens, je suis partie pour généraliser jusqu’à l’excès en incluant beaucoup d’ironie…




Ici au Brésil, aussi dans l’Etat de Minas Gerais, Etat assez conservateur, les fonctions masculines et féminines sont bien séparées. Cela se voit même avec les jeunes qui se réunissent : les femmes restent entre elles à la cuisine à discuter, à préparer le repas ou à faire la vaisselle, et les hommes restent dans la salle à manger, à boire de la bière ou à s’occuper du barbecue. Moi-même, je me suis surprise à faire ça aussi ici. 

La femme brésilienne est éduquée pour se marier et avoir des enfants, elle s’occupe de la maison, se dédie à la famille et bien sûr, elle doit savoir remplir son rôle de femme (être la maîtresse de maison, pourvoir aux tâches domestiques, répondre au standard de beauté, être désirée par l’homme). Elle est ici celle qui s’occupe de la maison. L’homme brésilien  est éduqué pour être le mâle : bien épanoui professionnellement, il représente le portefeuille de la famille et doit aussi savoir remplir son rôle de mâle (s’occuper de la voiture, tondre le gazon, bricoler, etc). Il est ici celui qui satisfait aux nécessités de la maison.

Les différences de genre commencent dès la petite école et continuent à l’adolescence. L’apparence physique importe toujours beaucoup. Ce n’est pas pour rien que le Brésil est un des pays du monde où on a le plus recours à la chirurgie esthétique, même pour les mineur(e)s. Le culte du corps concerne les hommes et les femmes, et les différences corporelles sont bien marquées. L’homme doit avoir une apparence de mâle, viril, musclé, même brute. La femme doit avoir des trucs de fille : de la poitrine et des fesses, et doit faire des trucs de fille : aller au salon de beauté, être impeccablement épilée, les ongles parfaitement manucurés et les cheveux toujours longs et bien coiffés. Ouh la la, les novelas sont passées par là…

Ici au Brésil, il est très commun (sans exagération de ma part cette fois-ci…) qu’une femme soit dévorée des yeux par des hommes qui ne tentent même pas d’être discrets, n’importe où. Il est commun d’être draguée dans la rue ou de recevoir des vulgarités par un groupe d’hommes convaincus que les femmes aiment ce type de sollicitation.

Dans la drague, l’homme de Neandertal est revenu ! Très souvent, peu de conversation, peu de curiosité sur ce que l’autre aime. Il faut ressentir l’envie charnelle, en touchant, en regardant, en embrassant, principalement dans la chaleur des soirées. Une fille de bonne famille ne peut pas draguer un garçon, elle serait considérée comme une fille facile. Elle doit être conquise par l’homme qui la choisira, ouvrant la porte à une relation si elle est intéressée. La relation elle-même est caractérisée par un sentiment de possession des deux côtés, où la jalousie est une preuve d’amour, où qui n’est pas jaloux n’aime pas l’autre. Règles cruelles du modernisme…



Au Brésil, l’homme véritable commande, ordonne, est un dur à cuire ! Il doit toutes les attraper, devant ses amis de préférence, il doit savoir changer une roue et avoir le courage de tuer un cafard. Un homme véritable ne s'habille pas en rose (c’est considéré comme gay, heureusement…), ne sait pas s’habiller tout court (la vanité est un truc de filles, non ?), ne sait pas non plus s’occuper de la maison, ne pleure pas, n’embrasse pas un autre homme. Même la tendresse est un mot qui ne fait pas partie de son vocabulaire, parce qu’au lit il doit encore montrer qui commande. L’homme de Neandertal, j’ai dit… D’ailleurs, l’homme qui remplit les caractéristiques de l’homme parfait est suspect.

A l’opposé, la femme véritable court derrière le mariage comme une forme de se réaliser personnellement, doit savoir cuisiner et doit être prête pour être maîtresse de maison. Une femme véritable ne doit pas dire de gros mots (c’est un truc d’homme, très moche pour nous), et ne doit pas savoir changer une ampoule (concurrence avec l’homme, on ne peut pas, non !).

L’homme brésilien « actif » cherche une femme véritable « passive » qui a eu peu de petits amis, avec des compétences féminines classiques : s’occuper de la maisonnée et des petits en ce qui concerne le choix des vêtements des enfants, de la vaisselle, de la décoration de la maison. Pour la convaincre, il doit avoir sa propre voiture au minimum. Une grosse voiture, c’est encore mieux. Mais aussi : un bon emploi, un bon salaire, un bon compte en banque. Sans cela, certaines ne regardent même pas en face le garçon. Parce que dès le règlement de l’addition au restaurant, au motel ou en boîte, l’homme véritable doit être mâle. Et riche.

J’exagère ? Peut-être pas tant que ça…

Juste pour démontrer que la masculinité n’a pas besoin d’être prouvée chaque jour, parce que nous -les femmes- savons que vous -les hommes- êtes hommes, et que lutter pour les mêmes droits au quotidien ne signifie pas que vous êtes moins mâles pour autant et que vous deviez vous sentir menacés dans votre virilité.

Pour démontrer, aussi et surtout, que les préjugés sexistes ne viennent pas seulement d’un côté, mais des deux. Aujourd’hui, la femme a cette liberté de choix, cette chance de pouvoir être la personne qu’elle veut réellement être et se délivrer des clichés que la société lui impose : elle peut se libérer de cette exigence sociale de la maîtresse de maison qui laisse le mari gagner la majeure partie de l’argent du foyer. La femme brésilienne exige elle aussi, peu à peu, de l’indépendance. Elle finit par ne plus vouloir de ces dogmes imposés par des cultures dépassées. Elle finit par vouloir sortir de l’identité acquise par le mariage et les biens matériels de l’époux.

Au final, je me demande : un certain profil de femme, qui recherche encore peu l’émancipation, qui se voit parfois exclusivement au travers du regard masculin et du confort financier/matériel qu’il peut lui apporter, n’est-il pas aussi émetteur de préjugé sexiste ? Et même de machisme ?

Merci Rafael et André pour vos contributions !


Photos : yahoo images.

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A teoria dos gêneros do outro lado do Atlântico

Desde minha chegada no Brasil há quase um ano, e até hoje, devo revelar que o assunto das relações entre homens e mulheres me deu trabalho. É até o tema mais complicado para mim de lidar. Numa sociedade brasileira onde os papeis de cada um estão bem definidos, fico bem perdida, eu que venho de uma sociedade onde os papeis de gênero costumam ser mais homogéneos. Mesmo se na França, estamos longe da perfeição: não somos modelo de igualdade entre ambos sexos, comparado com paises do Norte da Europa ou da América do Norte por exemplo. Já aviso, estou afim de generalizar até o exagero e incluindo muita ironia...

Aqui no Brasil, também em Minas Gerais, estado bastante conservador, as funções masculinas e femininas são bem separadas. Isso se vê até com jovens que se reunem: mulherada fica na cozinha batendo papo, preparando a comida ou lavando prato, e homem fica na sala bebendo cerveja ou tomando conta do churrasco. Eu mesmo me surpreendi a fazer isso também aqui.

Mulher brasileira é educada para casar e ter filhos, ela toma conta da casa, se dedica à família e claro, tem que saber preencher o papel de mulher (ser dona de casa, fazer tarefas domésticas, responder ao padrão de beleza, ser desejada pelo homem). Aqui é a cuidadora da casa. Homem brasileiro é educado para ser o machão: bem resolvido profissionalmente, ele tem que sustentar a família e tem também que saber preencher o papel de macho (cuidar do carro, cortar grama, fazer reparos, etc). Aqui é o provedor da casa.

As diferenças de gênero começam já na escola infantil e continuam na adolescência. A aparência física importa sempre muito. Não é à toa que o Brasil é um dos paises do mundo onde se usa mais a cirurgia estética, até para menores de idade. O culto do corpo mexe com homens e mulheres, e as diferenças corporais são bem marcadas. Homem tem que ter aparência de machão, viril, musculoso, até bruto. Mulher tem que ter coisa de mulher: peito e bunda, e tem que fazer coisa de mulher: ir ao salão de beleza, ser impecavelmente depilada, as unhas perfeitamente cuidadas e o cabelo sempre comprido e bem arrumado. Ouh la la, as novelas passaram por aí...

Aqui no Brasil, é muito comum (sem exagero da minha parte agora...) uma mulher ser “devorada com os olhos” por homens que nem tentam ser discretos, em qualquer lugar. É comum receber uma cantada de rua ou vulgaridades de um grupo de homens convencidos que a mulherada gosta desse tipo de solicitação.

Na paquera, o homem pré-histórico voltou! Muito freqüentemente, pouco de conversa, pouco de curiosidades sobre o que o outro gosta. Tem que sentir o tesão, cutucando, olhando, beijando, principalmente no calor da balada. Moça de família não pode dar em cima de homem, seria vadia. Tem que ser conquistada pelo homem que escolherá ela, ela abrindo a porta a um relacionamento se estiver interessada. A relação ela mesmo é caracterizada por sentimento de posse das duas partes, onde ciúmes são provas de amor, onde quem não é ciumento não gosta do outro. Regras cruéis do modernismo...

No Brasil, homem de verdade é mandão, durão, fodão! Deve pegar todas, frente aos amigos de preferência, deve saber trocar uma roda e ter a coragem de matar uma barata. Homem de verdade não se veste de cor de rosa (é considerado gay, ainda bem...), nem sabe vestir-se direito (vaidade é coisa de mulher, não?), não sabe cuidar da casa, não chora, não beija outro homem. Até o carinho é uma palavra que não faz parte do vocabulário dele, porque na cama ainda tem que mostrar quem manda. O homem pré-histórico, falei... Aliás, homem que preencha os requisitos de homem perfeito é suspeito.

Ao oposto, mulher de verdade corre atrás do casamento como forma de se realizar pessoalmente, tem que saber cozinhar e deve estar prontinha para ser dona de casa. Mulher de verdade não pode falar palavrão (é coisa de homem, muito feio pra nós), e não deve saber trocar lâmpada (concorrência com o homem, não pode, não!).

Homem brasileiro “ativo” busca mulher de verdade “passiva” que teve poucos namorados, com as habilidades femininas clássicas: cuidar da casa e dos filhotes no que diz respeito à escolha da roupa dos filhos, da louça, da decoração de casa. Para convencê-la, ele tem que ter o própio carro no mínimo. Carrão ainda é melhor. Mas também: trabalho bom, salário bom, bom saldo no banco. Sem isso, algumas nem olham para a cara do menino. Porque desde o momento de pagar a conta no restaurante, no motel ou na boate, homem de verdade tem que ser macho. E rico.

Exagero? Talvez nem tanto...

Só para demostrar que masculinidade não precisa ser provada todo dia, porque nós -mulheres- sabemos que vocês -homens- são homens, e que lutar por direitos iguais no dia-a-dia não quer dizer que vocês serão menos machos e que devem sentir-se ameaçados na sua virilidade.

Para demostrar, também e sobretudo, que preconceito sexista não provem só de um lado, mais de ambos. Hoje em dia, a mulher tem essa liberdade de escolha, essa chance de poder ser a pessoa que ela quer ser realmente e livrar-se dos clichês que a sociedade le impõe: ela pode se libertar dessa exigência social de dona de casa que deixa o marido ganhar a maior parte do dinheiro do lar. A mulher brasileira exige ela também, pouco a pouco, independência. Acaba não querendo mais desses dogmas impostos por culturas ultrapassadas. Acaba querendo sair da identidade adquirida com o casamento e bens materiais do esposo.

A fim de contas, eu fico me perguntando: um certo perfil de mulher, que ainda pouco busca emancipação, que se vê as vezes exclusivamente através do olhar masculino e do conforto financeiro/material que ele pode lhe trazer, não é também transmissor de preconceito sexual? Até de machismo?

Obrigada Rafael e André pelas contribuições!

Fotos: yahoo imagens.